Le pervers Narcissique dans la presse féminine.
Comme je l’avais dit dans mon petit billet d’introduction, je vais aussi parler de Pervers Narcissiques (PN, pour les intimes).
Je ne sais pas trop comment me lancer, car je ne suis ni psy, ni experte sur le sujet… et c’est un sujet délicat.
J’ai été mariée à un PN.
Un homme qui avait l’air charmant, doux, sensible, très à l’écoute, qui me voulait moi et seulement moi, qui voulait fonder une famille, …
Bref, le prince charmant avec lequel on nous a bourré le mou quand on était enfants.
A l’époque où je l’ai rencontré, j’étais coincée dans une histoire qui devenait vraiment difficile, mais je n’avais plus d’argent et je ne savais pas trop comment me sortir de là.
Et il est arrivé sur son putain de canasson en me disant qu’il était tombé amoureux de moi, que je méritais tellement mieux et il m’a presque supplié pour que je le laisse m’aider et que j’emménage avec lui.
Paumée comme j’étais à l’époque, j’ai dit oui.
Ne m’étant jamais intéressée à la psychologie et n’ayant jamais entendu parler de Pervers Narcissiques, (et n’étant pas féministe pour un sou) je n’ai rien vu venir, je me suis totalement laissée faire et je me suis retrouvée loin de ma famille, de mes amis, sans boulot et mariée au bout de pile un an de relation.
Puis un enfant, puis un autre.
Plus le temps passait, plus il était froid et distant. Je ne pouvais pas compter sur lui. Jamais. Pour rien.
Il était de plus en plus critique, tout était toujours ma faute, il était malheureux et ça aussi c’était à cause de moi, car il me trouvait méchante, castratrice et je baisais pas assez. (Le coup de la baise avec lui, je crois que je pourrais en faire tout un article.)
J’ai dû étouffer ma vraie personnalité. De nature plutôt expansive, je suis devenue grisâtre. Une espèce de loque qui n’avait plus rien à voir avec celle que j’étais avant de le rencontrer et qui avait envie de se balancer par la fenêtre environs quatre fois par jour.
Il a fini par se désintéresser de moi et a demandé le divorce prétextant que la vie de famille n’était pas ce à quoi il s’attendait et que ce n’était pas fait pour lui.
Fin de l’histoire.
Il a tenté un come back, mais heureusement, ma meilleure amie ne m’a jamais lâchée, elle a été à mes côtés pendant cette période difficile et m’a aidée à voir que c’était un sale type et qu’il pouvait aller se faire foutre, lui et sa déclaration d’amour de merde qui sentait le manque de cul à plein nez.
Comme nous avions des enfants, nous étions amenés à rester en contact. Le strict minimum pour ma part.
Deux ans plus tard, je rencontrais quelqu’un (nous sommes toujours ensemble) et comme de par hasard, lui aussi refaisait sa vie. Il a voulu rencontrer le nouvel homme qui partageait ma vie. Je n’y ai pas vu d’inconvénient et j’ai voulu rencontrer sa nouvelle compagne. Appelons-là Wanda.
Une fille super. Vraiment. Une fille comme moi. Drôle, exubérante et pleine de vie.
Pourtant, quand je me retrouvais seule avec mon ex mari, celui-ci la critiquait de façon à peine voilée.
J’ai très vite sympathisé avec Wanda et il n’a pas dû aimer ça.
Quelques temps plus tard il la quittait.
Elle m’a appelé, nous avons passé cinq heures au téléphone à se raconter notre histoire avec cet homme.
C’était la même. Nous avons vécu la même chose.
Quand j’étais avec lui, il m’avait raconté à quel point ses ex l’avaient fait souffrir, à quel point l’une d’entre elle était perverse.
L’histoire que Wanda m’a racontée était la même. Sauf que maintenant, en plus, il y avait moi. Et moi, j’ai été la plus perverse de toute. Manipulatrice, castratrice et m’étant servi de lui pour avoir des gosses pour le jeter ensuite.
Wahou ! Intéressante histoire !
Wanda a été la première à prononcer le terme de PN.
Dès lors, nous avons commencé à nous documenter pour en apprendre plus sur le sujet.
Si pour moi l’emprise était terminé, Wanda était encore en plein dedans. D’ailleurs, elle a replongé mais ça n’a pas duré.
Bref, tout ça pour dire que si au cours de mes navigations sur internet je trouve un article sur les PN, je vais le lire.
J’en ai trouvé quatre sur Biba, et franchement, y’a vraiment beaucoup à redire.
Le premier que j’ai trouvé s’intitule : Comment flairer un pervers narcissique (et le gérer).
L’auteure de cet article donne une définition du PN plus qu’approximative et pas vraiment exacte.
Par exemple, elle dit : «c’est un amoureux qui écoute peu, qui aime parler de lui la plupart du temps. » et ça, c’est faux.
Déjà, désigner le PN comme un amoureux est totalement aberrant ; ensuite, c’est exactement le contraire. Le PN se livre très peu, en revanche, il encourage l’autre à se livrer sur tout et n’importe quoi en mode « tout ce que vous direz sera retenu contre vous. »
Il enregistre tout et vous le ressortira au moment où vous vous y attendrez le moins et surtout dans un contexte que vous n’auriez jamais cru possible. Vos confidences seront devenues un argument contre vous. Une accusation. Un moyen de vous discréditer.
Le pervers narcissique crée des dossiers contre ses victimes...
Et à la fin, elle nous dit carrément qu’on peut le garder sous le coude, mais avec un plan B et qu’il ne faut pas trop placer d’attente en lui.
Ah ben oui, mais non !
Déjà, ça me semble pas très plausible comme plan, étant donné qu’un PN va très vite en besogne, qu’il veut tout et tout de suite (emménager, se marier, avoir des enfants, …) et que, à priori, le temps de s’apercevoir que c’est un gros salopard, il est déjà trop tard.
Il manque l’essentiel dans cet article : Nous dire de fuir !
Vite et loin, mais fuir à tout prix car tout ce que veut un PN de sa proie c’est son anéantissement. Ce n’est pas rien. Ce n’est pas une relation qu’on peut vivre en mode insouciante, en attendant mieux. C’est quelque chose qui vous détruit.
La fin de l’article, quant à elle est plutôt bien.
« On doit aussi prendre conscience de l'importance qu'il a pris sur notre vie (émotionnellement, physiquement, ou matériellement), et voir jusqu'où notre propre identité est bafouée. On se répète ces choses fondamentales (et on n'hésite pas à consulter un psy ou un thérapeute pour se désengluer) :
On a le droit d'être traitée avec respect ;
On a le droit d'exprimer nos désirs, opinions et attentes ;
On a le droit de dire "non" sans se sentir coupable ;
On a le droit de se créer une vie heureuse et saine... »
Et ça, ça vaut pour tout le monde.
Le deuxième article n’est qu’un court article pour vendre un livre.
Le Troisième est pas mal, mais un peu léger pour désigner un PN.
Les points cités s’appliquent à n’importe quelle personnalité toxique, en fait. A fuir de toute façon.
Certain commentaires en revanche sont assez gerbant.
Huuuummm… comment te dire Dugland ?
Tout accepter et fermer les yeux sans broncher, c'est pas de l'amour, c'est de la soumission. Nous avons tous nos limites et si elles sont dépassées, il faut le dire haut et fort (et vite aussi.) Ne pas se laisser faire.
Enfin, le dernier aborde encore sept autres points censés nous mettre la puce à l’oreille.
C’est sympa, certes, mais encore une fois c’est très insuffisant pour reconnaitre un PN.
En fait, il y a un test en 30 points et il faut en comptabiliser 14 pour "obtenir" un PN.
Et là, on dirait que l’auteure pète les plombs.
Elle écrit : « Il suffit de voir la multiplication des groupes sur Facebook consacrés à ce thème pour en être convaincu. Mais à y regarder de plus près, ces groupes regorgent de discussions autour de séparations houleuses où l'autre deviendrait subitement PN ou encore de débats autour d'hommes violents, souvent ivrognes, grossiers, machos, ou infidèles où chacun essaye de convaincre l'autre qu'elle tient le pire PN de la terre. Mais non, un homme qui regarde du X, pratique l'échangisme, ment pour ne pas rembourser les dettes communes, trompe impunément ou escroque des petites vieilles n'est pas (forcément) un pervers narcissique. »
Alors, je suis d’accord pour dire que le terme PN est utilisé à tord et à travers et qu’il sert à désigner n’importe quelle personnalité toxique. Je suis aussi d’accord avec sa dernière phrase.
Mais je trouve hyper violent de dire que les groupes FB sont un vivier de gens qui racontent de la merde ou essaient de tirer la couverture.
Ce ne sont pas ses mots, mais c’est ce que ça veut dire.
Je fais moi-même partie de trois groupes de ce genre.
Et oui, il arrive que des personnes étant ou ayant été avec des personnalités toxiques pas forcément PN viennent y raconter leur histoire.
Ce n’était pas un PN mais un alcoolique violent ? Et alors, qu’est ce que ça change ?
Est que le fait que ce ne soit pas un PN enlève la souffrance et le traumatisme vécût ?
Non.
Il arrive aussi qu’une personne venant de se séparer se rende compte après coup qu’elle était avec une personne toxique, parfois c’est vrai (après tout, c’est mon cas.), parfois c’est un loup dans la bergerie. Nous ne pouvons pas vérifier ce que les membres nous racontent, ni leur identité. Comme nous ne sommes pas dépourvus d’empathie, nous réagissons avec plus ou moins de véhémence avec plus ou moins d’engagement et si c’est un loup, il fini par être démasqué et il est banni.
Il m’est aussi arrivée une fois – juste une fois - d’avoir réagis à un post, à y avoir raconté un peu mon histoire sans forcément rentrer dans les détails et avoir eu comme réponse « attends, moi c’est pire. »
Mais sinon, ce sont des groupes très sympas où règnent la bonne humeur, l’empathie, l’entraide, le partage et le respect des autres.
Ce sont des endroits où l’on peut se décharger, où l’ont peut se confier sans être jugé parce que, peu importe si les autres sont ou ont été victimes de PN, de personnes violentes, d’alcooliques ou que sais-je encore, ces personnes ont connu la souffrance et parfois la peur et elles savent ce que c’est.
Elles compatissent, partagent leur vécût et cela fait beaucoup de bien de savoir qu’on n’est pas seul dans cette situation, que ce n’est pas de la faiblesse ou de la bêtise de notre part et que c’est l’autre qui est malfaisant (ou malade ou juste con).
Après, c’est certain, nous avons des failles, et il faut les identifier et les soigner pour ne plus retomber sur une personne toxique.
Aussi, Biba ne traite que de l’homme PN et dans le rôle du prétendant.
Mais le PN n’est pas seulement masculin et il se trouve aussi dans sa famille (mère, frère, …), au travail, en amitié, …
Si vous voulez en savoir plus sur les PN je vous conseillerai d’aller vous documenter sur des sites spécialisés comme celui où se trouve le test où de regarder les vidéos de Geneviève Schmit qui sont très intéressantes.
Oubliez Biba, sont franchement pas au point sur le sujet !
Mais quoi qu'il en soit, si vous vous rendez compte que vous êtes enfermé dans une relation de ce genre : Fuyez !
Il n'y a pas d'autres options. Il faut penser à vous et à vous seul. Votre vie en dépend et vous êtes la seule personne qui puisse vous sauver.